Theaterfestival Basel 2020 : un aperçu palpitant de la création contemporaine dans les domaines de la danse et du théâtre.
Le nouveau directeur artistique du festival, Sandro Lunin, et son équipe ont invité à Bâle pas moins de 17 troupes issues de 12 pays pour présenter un aperçu palpitant de la création contemporaine dans les domaines de la danse et du théâtre.
La crise actuelle et les incertitudes qui en découlent offrent l’occasion de repenser des structures bien rodées, des traditions et des certitudes ancrées, mais aussi de remettre en question une approche narrative établie et d’ébaucher de nouveaux concepts.
Le programme du Theaterfestival de cette année reflète cette opportunité : éclectiques, énergiques, audacieux et passionnés, les artistes invités apportent une vision évolutive et personnalisable de notre monde et invitent à la réflexion aussi bien qu’à un échange vivant. Si les solos occupent une place centrale, de nombreux projets communs célèbrent aussi tout ce qui nous relie.
La création artistique fait ainsi la part belle aux questions qui, à l’ère de la pandémie et de la distanciation sociale, nous préoccupent plus que jamais : la place de l’individu dans la société, l’importance de la rencontre et de l’échange, ainsi que le potentiel de la vie en collectivité.
Ouverture des festivités le mercredi 26 aout
Les festivités commenceront le 26 août avec la performance intégrant le public du collectif allemand LIGNA. «Zerstreuung jetzt! Ein internationales Radioballett» réagit à la pandémie de Covid- 19 et forge, en ces temps d’isolement et de fermeture des frontières, un nouveau lien entre pays et continents. Équipés d’écouteurs et de masques, les membres du public entendent et exécutent, évoluant individuellement et pourtant ensemble dans la Kaserne, une chorégraphie imaginée par douze artistes internationaux. Ils évoquent aussi, ce faisant, les troupes n’ayant pas pu se produire lors de la présente édition du festival.
Au même moment débutera au Rossstall l’installation vidéo The Critical Dictionary of Southeast Asia, du célèbre artiste multimédia singapourien Ho Tzu Nyen. Celle-ci projette en boucle des images tirées d’une archive à la croissance dynamique, qui se réinvente en permanence au gré de nouveaux algorithmes et explore l’identité complexe et déchirée de l’Asie du Sud-Est, dont l’artiste est originaire, produisant des variantes et des grilles de lecture inconnues et sans cesse renouvelées. L’expérience de réalité virtuelle de 15 minutes R for Resonance donnera quant à elle un accès physique au passionnant alphabet de Ho Tzu Nyen.
Après une ouverture festive marquée par une allocution de la présidente du Conseil d’État de Bâle-Ville, Elisabeth Ackermann, et de la conseillère d’État de Bâle-Campagne Monica Gschwind, la chorégraphe brésilienne Lia Rodrigues s’exprimera au nom de tous ceux et celles qui n’ont pas pu être présentes au Theaterfestival.
Le chorégraphe syrien Mithkal Alzghair clôturera la cérémonie d’ouverture avec «Déplacement», une réflexion dansée délicate et émouvante qui débute en solo pour se terminer en trio. L’œuvre aborde les expériences contradictoires de la fuite et de la migration, ainsi que l’incertitude d’une vie en exil.
Rencontre avec « l’Autre »
La performance intégrant le public de LIGNA ouvre la voie à de nombreuses autres productions qui invitent toutes, par des biais radicalement différents, à s’ouvrir à d’autres réalités et parcours de vie. L’artiste et documentariste estonienne Kristina Norman a ainsi accompagné, pour sa performance «Lighter Than Woman», des auxiliaires de vie ukrainiennes qui soulagent les familles de personnes âgées en Italie.
Dans «Chinchilla Arschloch, waswas» du Rimini Protokoll, trois personnes touchées par le syndrome de Tourette et une musicienne chamboulent des conventions théâtrales bien ancrées. «True Copy» , du collectif multimédia belge BERLIN, donne la parole au fameux faussaire néerlandais Geert Jan Jansen, dont la vie turbulente soulève une discussion sur la valeur de l’authenticité. Pour clore le festival, la metteuse en scène argentine Lola Arias présentera sur trois jours un total de neuf passionnants autoportraits élaborés avec des comédiennes du nouvel ensemble du Theater Basel.
Balayage des clichés et renversement des conventions
Une multitude de fortes voix artistiques profitent du Theaterfestival pour balayer les clichés et bousculer les conventions : la chorégraphe autrichienne Florentina Holzinger s’interroge par exemple sur le culte de la beauté en danse classique dans TANZ, un spectacle à fleur de peau.
Venue d’Irlande du Nord, Oona Doherty chamboule quant à elle les stéréotypes du genre en recourant à un langage gestuel sans pareil dans Hope Hunt & The Ascension into Lazarus. Avec Du Sale! de Marion Siéfert, les jeunes performeuses Janice Bieleu et Laetitia Kerfa allient danse Lite Feet et musique rap dans un réquisitoire féroce contre les préjugés. Le jeune performeur sud-coréen Jaha Koo ose, dans sa performance solo The History of Korean Western Theatre, porter un regard critique sur la perte d’authenticité et d’autodétermination dans la tradition théâtrale coréenne.
Nouveaux points de vue et horizons élargis
La Suissesse Yasmine Hugonnet montre tout l’intérêt de changer de point de vue pour ouvrir de nouveaux horizons avec son installation de danse Extensions, à découvrir dans le parcours extérieur sur l’île de la centrale électrique de Birsfelden.
La chorégraphe et danseuse libanaise Khouloud Yassine dévoile quant à elle avec Heroes – Surface of a Revolution, présenté au Musée Tinguely, comment se forment les images du pouvoir, mais aussi à quel point il est facile de les percer à jour et de les déconstruire. Sur la Theaterplatz, le chorégraphe et danseur brésilien Volmir Cordeiro nous invite également, dans Rua, à porter notre regard sur les marginaux et les dévalorisés de notre société.
Nouvelles approches narratives et célébration de la créativité
Nicht zuletzt zeugen die am Theaterfestival gezeigten Arbeiten alle davon, wie lustvoll die Arbeit an neuen Narrativen sein kann. Auf 17 verschiedene Arten laden sie dazu ein, die Kraft der Kreativität und des Theaters zu feiern. Für das junge Publikum präsentiert die Schweizer Gruppe Kolypan eine furiose Neuerzählung des Kinderbuchsklassikers «Die Unendliche Geschichte» von Michael Ende in einer wilden Mischung aus Erzähl- und Objekttheater.
Toutes les œuvres présentées au Theaterfestival montrent à quel point s’ouvrir à de nouvelles approches narratives peut être jubilatoire. De dix-sept manières différentes, elles invitent à célébrer la force de la créativité et du théâtre.
Pour le jeune public, la troupe suisse Kolypan réinterprète avec fougue L’histoire sans fin de Michael Ende, un classique des livres pour enfants, dans un joyeux mélange de narration et de théâtre. Avec Phèdre!, le Suisse romand François Gremaud revisite avec brio et humour un classique de la littérature française. Les différents rôles sont tous joués par un seul comédien, qui livre, en passant, une déclaration d’amour enflammée au théâtre. N’oublions pas non plus les merveilleux artistes du cirque français Trottola, qui défient la gravité dans leur spectacle Campana et prouvent que l’impossible n’est parfois qu’une vue de l’esprit.
Ateliers et discussions
Différents ateliers et discussions sont en outre prévus pour encourager l’échange entre les artistes et le public : la discussion interactive «Let’s Talk!»entre public, artistes et experts locaux et internationaux, par exemple, abordera des thématiques centrales du festival, qui se reflètent tel un fil rouge dans toutes les productions à l’affiche.
Différents ateliers, dont un avec la danseuse de Hope Hunt & The Ascension into Lazarus, Sandrine Lescourant aka Mufasa, permettront également de découvrir intimement le travail des artistes invités.
Plus d’informations sur le site du festival : www.theaterfestival.ch
Photo : Florentina Holzinger « TANZ » I Eva Würdinger
