Fondazione Nazionale della Danza / Aterballetto (Italie), le Ballet de l’Opéra National de Grèce et Les Halles de Schaerbeek ont « marié » 12 chorégraphes, 12 thématiques d’arts visuels contemporains, pour créer 12 micro-danses sur quelques mètres carrés.
Dans un dispositif déambulatoire de grande ampleur, se relaieront des oeuvres de légendes de la danse comme Angelin Preljocaj, mais aussi de jeunes créateurs déjà reconnus comme Diego Tortelli, et de toutes nouvelles figures de la scène chorégraphique. Szenik s’est entretenu avec Gigi Cristoforetti, directeur de la Fondazione Nazionale della Danza et responsable de la programmation.
Pourquoi avoir fait ce pari de créer des spectacles de danse sur de petits espaces ?
Gigi Cristoforetti : L’intérêt de Microdanses pour nous c’est d’ouvrir les possibilités de recherches pour les chorégraphes tout à fait différentes de leurs habitudes. Nous leur avons demandé de se focaliser sur un petit espace, de sorte que les mouvements soient plus puissants et plus concentrés. L’autre contrainte que nous leur avons imposée, c’était d’avoir le spectateur très proche d’eux, devant, derrière, à côté. C’est une expérience très forte pour l’interprète, mais surtout pour le public. Les chorégraphes doivent donc accepter de relever un défi qui n’est pas évident.
Je trouve que c’est un processus de création intéressant, car il leur permet de développer des chantiers. Cette expérience leur apporte aussi quelque chose pour leur carrière. Quand ils retournent ensuite sur scène, ils auront avec eux quelque chose de différent, au niveau de la perception de l’espace et de la perception du public. Il n’y a pas qu’une fenêtre sur la société et le public, ils en auront aussi une autre perception. Ils prennent conscience qu’ils se trouvent dans un monde plus complexe.
De notre point de vue, cela concrétise l’engagement de l’audience. Pour nous, les organisateurs, ce projet nous offre la possibilité d’être vraiment présent en ville, dans des espaces d’exposition, dans des théâtres. Nous pouvons ainsi croiser de nouveaux publics et leur permettre de partager ensemble la même expérience. Ceux qui sont plus intéressés par les expositions rencontrent ceux qui préfèrent la performance.
Pour la représentation à Bruxelles, qui a lieu du 9 au 11 décembre aux Halles de Schaerbeek, nous avons choisi la représentation sous forme d’exposition, avec des parcours pour les visiteurs. Mais en mai 2022, nous reviendrons pour proposer le spectacle dans la rue. Nous présenterons huit “Microdanses”, qui seront interprétées par des artistes bruxellois. Le lieu est encore à l’étude. Christophe Galland, le directeur des Halles, est en train de s’occuper des recherches.
“Microdanses” s’est déjà joué à plusieurs endroits, notamment en Grèce dans des lieux culturels tels qu’un musée ou l’opéra. Avez-vous constaté chez les spectateurs un engouement particulier pour votre spectacle ? Ils n’ont sans doute pas l’habitude d’être aussi près des artistes…
Comme vous pouvez le voir dans notre bande-annonce, nous avons tourné dans l’Acropole à Athènes.
Certes, une partie du public est venue spécialement pour voir les performances. Mais des centaines d’autres personnes, venues simplement pour visiter les lieux, ont décidé ou non de consacrer du temps pour regarder le spectacle. Il était donc intéressant de voir si les gens restaient, et pour quelle durée. Mais de manière générale, Microdanses a plu et a connu un grand succès.
Que l’on soit initié ou non, chacun peut y trouver une surprise sur son chemin. J’ai d’ailleurs une anecdote assez significative. A un moment, au sein de l’Acropole d’Athènes, nous avons entendu une des guides du musée commenter le spectacle dans son micro. Elle expliquait à son groupe de visiteurs que la performance qu’ils voyaient étaient l’incarnation des métopes, les reliefs du monument. Les danseurs reproduisaient selon elle les mêmes gestes et les mêmes mouvements que ceux sculptés dans la pierre. Cet aspect n’avait pas du tout été pensé lors de la création, mais c’est ce qu’elle y a vu.
L’art visuel est très présent dans le spectacle “Microdanses”. Certains tableaux sont assez dépouillés, d’autres au contraire jouent avec les matières, les lumières. Peut-on dire qu’il n’y a plus de frontières entre les genres ?
Absolument. Habituellement, quand on crée un projet où l’on souhaite lier les arts visuels et la danse, c’est un parcours très pointu. Un chorégraphe et un artiste visuel se rencontrent et co-créent une œuvre qui allie les deux arts.
Dans ce projet, aucun artiste visuel n’est intervenu. Nous avons laissé le champ libre à nos chorégraphes. C’est leur intention qui a été mise en valeur et que les spectateurs peuvent observer. Ils ont décidé de A à Z de l’univers qu’ils voulaient partager. Certains ont fait le choix de la simplicité, avec des jeux de lumières et des costumes sobres pour mettre en valeur les corps. D’autres au contraire ont préféré élaboré une œuvre plus complexe. Les chorégraphes ont ensuite fait part de leur vision aux décorateurs et aux costumiers, ils ont discuté avec eux pour mettre en place ce dont ils avaient besoin.
“Microdanses” a remporté le projet européen “An Ideal City”, qui fait partie du programme de l’Union européenne “Europe Créative”, visant à soutenir les secteurs de la culture et de l’audiovisuel. Le spectacle réunit donc des artistes et des institutions italienne, grecque et belge. Comment en êtes-vous venus à collaborer à l’internationale ?
En effet, nous avons remporté le projet européen “An Ideal City”, qui s’étend sur 22 mois, se déroule étape par étape à Athènes, dans la région Emilie et à Bruxelles. Mais avec Christophe Galent et Konstantinos Rigos, le directeur du ballet de l’Opéra national de Grèce, nous nous connaissons depuis longtemps. Ce n’est pas la première fois que nous travaillons ensemble. Nous avions bien préparé le projet en amont et nous travaillons bien ensemble.
Le spectacle est donc financé par nos trois structures par l’Union européenne.
Même si ce n’est pas une nouveauté pour nous, cela nous semble toujours important de confronter nos idées, nos cultures et de partager cet échange avec le public.
Microdanses a donc lieu du 9 au 11 décembre 2021, aux Halles de Schaerbeek. Deux parcours d’une heure chacun (A et B) sont proposés au tarif de 6€.
Les séances ont lieu le Jeudi 9 décembre 2021 à 20:00, le Vendredi 10 et le Samedi 11 décembre 2021 toutes les heures de 15 à 20 heures.
Propos recueillis par Anne Damiani
Le 4 décembre 2021, visioconférence
Photos : Celeste Lombardi