« Qu’est-ce qui fait d’Hector Berlioz un si grand compositeur ? », demande John Nelson. « En un mot, l’originalité… Il a brisé toutes les traditions existantes en matière d’orchestration, de structure, de langage harmonique et de narration. Aujourd’hui encore, sa musique est fraîche, nous surprenant à chaque instant par sa beauté inexprimable ».
Ce nouvel enregistrement, réalisé en juin 2022 à l’occasion de concerts donnés à Strasbourg au Palais de la musique et des congrès, illustre à nouveau la complicité qui unit John Nelson et l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Il vient enrichir un catalogue de disques déjà riche parus chez Erato / Warner, qui compte Les Troyens (2017), La Damnation de Faust (2019), Harold en Italie et Les Nuits d’été (2022). Joyce DiDonato revient dans le rôle de Cléopâtre, rejointe dans Roméo et Juliette par Cyrille Dubois, Christopher Maltman, le Chœur de l’Opéra national du Rhin et Coro Gulbenkian.
Roméo et Juliette est créé en 1839. Pour le jeune compositeur, les pièces de Shakespeare ont été une révélation. Comme il l’écrit : « Un éclair m’a révélé d’un seul coup tout le ciel de l’art… J’ai reconnu le sens de la grandeur, de la beauté, de la vérité dramatique… ». Il est également tombé passionnément amoureux de l’actrice qui jouait à la fois Ophélie et Juliette, Harriet Smithson qu’il épousera cinq ans plus tard.
Avec Roméo et Juliette, Berlioz cherche à créer une nouvelle fusion artistique. Comme il l’a raconté : « Je me suis arrêté à l’idée d’une symphonie avec chœurs, solos vocaux et récitatifs choraux, dont le drame de Shakespeare, Roméo et Juliette, serait le sujet sublime et éternellement neuf ». Dans sa préface à la « symphonie dramatique », il écrit : « Qu’il n’y ait pas de malentendu sur le genre de cette œuvre. Bien que des voix soient souvent employées, il ne s’agit ni d’un opéra concertant ni d’une cantate, mais d’une symphonie chorale. Si le chant est présent presque dès le début, c’est pour préparer l’esprit de l’auditeur aux scènes dramatiques dont les émotions et les passions doivent être exprimées par l’orchestre seul ». Dans une lettre à son librettiste Émile Deschamps, il avait même déclaré : « C’est un orchestre qui joue un opéra ! ».
HECTOR BERLIOZ
Roméo et Juliette – Cléopâtre
John Nelson direction
Joyce DiDonato mezzo-soprano
Cyrille Dubois ténor
Christopher Maltman baryton
Chœur de l’Opéra national du Rhin
Alessandro Zuppardo chef de chœur
Coro Gulbenkian
Jorge Matta chef de chœur