Adapté de Chien blanc, récit autobiographique de Romain Gary (Éditions Gallimard, 1970), cette pièce prend la forme d’un thriller social en pleine Amérique ségrégationniste. Le romancier, installé avec son épouse Jean Seberg à Hollywood, recueille un berger allemand abandonné. Découvrant qu’il attaque systématiquement les afro-américain·es, il met en parallèle la monstruosité humaine et la sauvagerie qui fait rage dans le pays, en pleine lutte pour les Droits civiques. Au rythme d’une batterie jazz, deux marionnettistes blanc et noir se partagent tous les rôles de cette histoire d’une manipulation très politique.
Humaniste forcené, l’écrivain d’ascendance juive et polonaise, qui fut aussi deux fois lauréat du prix Goncourt, interroge la fabrique de la haine et la possibilité de la désapprendre. Le chien, pantin de papier manipulé par les hommes, suscite l’empathie du public qui voit sa part sombre naître grâce au théâtre d’ombre. Au milieu de grandes feuilles vierges dont les métamorphoses en direct viennent donner vie aux chapitres du livre, les pages se noircissent de mots, d’images d’archives et de pop-up révélant, pas-à-pas, les trous et les non-dits de l’histoire.
Attention : ce spectacle comporte des effets stroboscopiques.