Depuis sa participation au TalentLAB – dispositif créé par les Théâtres de la Ville du Luxembourg pour soutenir une certaine émergence spectaculaire –, quelque chose s’est dessiné dans la façon dont Sarah Baltzinger articule les choses à la scène. FURY, à l’origine de toute cette évolution artistique, livrait un geste assez instinctif et brutal, le TalentLAB, là où elle signe le duo What Does Not Belong To Us, a permis à la chorégraphe d’affirmer sa signature chorégraphique. « Une signature consciente », qui a amené la jeune chorégraphe française jusqu’à Vénus Anatomique, son prochain spectacle, certainement le plus important de sa carrière d’artiste, pour lequel elle prépare une longue résidence de fin de création à La Chapelle Sainte-Marie, à Annonay, en France.
Au fil du temps, de ses projets à la scène, comme ses épisodes de vie hors des plateaux, Sarah Baltzinger a étoffé une vision chorégraphique subtile, façonnée par son corps aux aptitudes spécifiques, entre laxité et physicalité. De là, sa recherche autour du mouvement connait une amplitude sans bornes, tissant les grandes caractéristiques de son identité de danseuse et chorégraphe. Après de nombreuses années à travailler en tant qu’interprète dans des productions européennes, c’est en 2016, qu’elle en vient à mener son propre travail chorégraphique. Inscrit dans un ancrage transfrontalier entre le Luxembourg et la France, avec son prochain projets Vénus Anatomique, elle signe sa sixième création spectaculaire.
En 2022, Sarah Baltzinger, de concert avec son équipe, découvre les « Vénus anatomiques », des modèles de femmes en cire, sculptées pour la science, l’étude du corps féminin, et l’élaboration de méthodes de dissection anatomique, à la fin du 18e siècle. De là, le désir chorégraphique devient évident, et plongée dans cette recherche artistique, la chorégraphe déloge une étude du corps, ses fonctions, le regard qu’on lui porte, et ses mises en scène, dans « un monde d’injonction ». De nombreux débats qui ont court aujourd’hui, dans notre société qui remet en cause avec justesse, certains dogmes archaïques. Pour autant, Sarah Baltzinger ne veut pas faire de Vénus Anatomique un acte féministe, mais plutôt une pièce qui parle du féminin et de no.s.tre rapport.s au féminin.
C’est avec loquacité que Sarah Baltzinger s’attaque à une thématique – et les autres qui gravitent autour – ô combien délicate. Dans la grande suite de ses aspirations artistiques faites d’incisive, de frontalité et d’insoumission, la chorégraphe pense ces débats à son niveau de femme, de personne et d’artiste, ouvrant forcément à une implication émotionnelle. Dans Vénus Anatomique Sarah Baltzinger parle du corps de la femme, de sa représentation, et au-delà, elle tente de comprendre comment on se construit autour des maux et blessures qu’on absorbe – qu’on le veuille ou non – le temps d’une vie. Elle-même personnalité « de désordre et d’émotion », comme elle aime à le dire, son spectacle Vénus Anatomique s’immisce ainsi dans son parcours poétiquement autant que viscéralement.
