En 1518, une étrange fièvre s’empara de la ville de Strasbourg. Plusieurs centaines d’habitant·e·s furent, en un instant, saisi·e·s d’une maladie qui les poussa pendant plusieurs jours à des mouvements incontrôlés, à une frénésie gestuelle incohérente. Ce que l’on a appelé par la suite la danse de Saint-Guy est au cœur du projet de Nolwenn Peterschmitt, elle-même alsacienne. Que dit l’existence d’une telle manifestation de notre rapport au corps et à l’espace ? Peut-être que, si doué de raison que soit l’humain, il restera une part irréductible de lui-même qui échappera toujours à son contrôle.
Au Moyen Âge, chants, danses, rites collectifs, païens et sauvages, ponctuaient l’existence individuelle et collective et contribuaient à souder la communauté. Quelque sept siècles après cette énigme, qu’en est-il de notre besoin de faire groupe, de notre volonté de réinvestir, par la fête et le dérèglement, les espaces publics ? Avec dix interprètes, sur une bande-son où se rejoignent la musique modale médiévale et les tonalités électroniques d’aujourd’hui, la chorégraphe explore tant notre besoin de rites que notre capacité à accepter l’étrange, à dépasser la norme.