Un verre à soi

Théâtre en mai 2025, d'après le texte de Claire Barrabès, Collectif sur le pont, par Pascal Neyron

Pour l’édition 2025 du festival Théâtre en mai organisé par le Théâtre Dijon Bourgogne, le texte de Claire Barrabès Un verre à soi est mis en scène par Pascal Neyron !

Invitée plusieurs fois au Théâtre Dijon Bourgogne dans le cadre de résidences, d’ateliers, ou du karaokés des auteurs, Claire Barrabès réunit ici ses deux indispensables : la vigne et le théâtre. Coproduit par le Théâtre Dijon Bourgogne, Un verre à soi se joue partout ou presque, pourvu qu’il y ait un piano, du vin et du fromage. On est accueilli par une presque lascive bossa d’ascenseur jouée par Benjamin Pras, et une élégante femme au chignon haut et robe crayon, mais bientôt tout déraille. Nous nous retrouvons face à une œnologue de terrain, au franc-parler, qui nous fait découvrir son univers et ses délices simples. S’il est question ici de la place des femmes dans le domaine viticole, et des spécificités d’un langage qui semble nous exclure, Un Verre à soi est avant tout une dégustation décadente, corrosive, qui se focalise sur l’ivresse, la fête et la création. Un temps pour nous rassembler, spectateurs et spectatrices, équipes artistiques, administratives et techniques, sans la moindre barrière.

Claire Barrabès est cofondatrice du Collectif sur le pont, avec Angélique Deheunynck et Yoann Parize, qui répond à une soif d’utopie théâtrale proche et ouverte. Créée à Orbec – en Normandie – en 2018, c’est une compagnie rurale de théâtre contemporain, au service d’un groupe humain, d’un territoire et d’une écriture – celle de Claire Barrabès – « une langue crue, quotidienne, « infra-ordinaire » (réf. à Georges Perec), la plus vraie possible ». Le collectif prône des expériences et formes théâtrales autonomes, accessibles, exigeantes, soucieuses de l’environnement, qui traitent des problématiques hommes-femmes, des publics éloignés et de la représentativité de toutes et tous. Il souhaite faire entendre les voix déclassées, rurales, précaires. Parmi les créations de la compagnie, notons : Seul silence, un objet théâtral fantastique ; Posséder sa nuit, un « solo nyctalope, seul en scène drolatique », dans lequel on se demande quel père être ; Longtemps, je me suis couchée tôt, une comédie noire prolétarienne ; ou encore Les Aventures de Clark Pakap, une pièce transportable à faible émission de CO2. Avec Un verre à soi, « Il s’agit […] de rendre à Cléopâtre ce qui appartient à César, et de raconter à travers la transformation théâtrale d’un corps féminin corseté, toute une histoire ensilencée ».