Double imaginaire ?
Chaque année dans le Kentucky, des ventriloques du monde entier se réunissent pour la plus grande convention du genre. Une rencontre qui sert de point de départ à la pièce fictionnelle de Gisèle Vienne.
Marionnettiste de formation, metteuse en scène, chorégraphe et plasticienne, Gisèle Vienne construit à travers ses pièces des univers singuliers, propices à la réflexion. Dans The Ventriloquists Convention, créé avec le Puppentheater Halle (Saxe-Anhalt), elle interroge l’art du ventriloquisme, les motivations des artistes et ce qui les anime, de manière très intime. La pièce, écrite par Dennis Cooper, mélange personnages, acteurs et poupées. Les réflexions, les doutes, les maux et les non-dits sont exprimés à voix haute par les ventriloques, à moins que ce ne soit par les poupées… Vingt-sept voix s’expriment, au travers de neuf marionnettistes.
Ainsi se découpe l’espace, entre la voix du ventriloque lui-même, en civil ou en jeu, celle de ses poupées, et celle fantomatique et plus singulière encore, interprétée en ventriloquie mais sans aucun support physique pour l’incarner. Les frontières entre les rôles se troublent et s’effacent volontairement, tandis qu’émergent la question de l’identité, du genre et la place de ces doubles de chiffons. Les conversations, tantôt folles, tantôt banales, transforment ces rapports en apparence simple en un labyrinthe psychologique, voire schizophrénique. (A.M.)
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