Sauvez Bâtard

Le mot a valeur de programme : il faut sauver ce qui s’oppose à toute catégorisation, ce que l’on rejette pour défaut de normalité, ce qui relève du mélange, du pluriel, de l’inclassable. Bâtard doit être jugé par un tribunal loufoque et dérisoire pour un meurtre dont lui-même peine à se souvenir s’il l’a vraiment commis. Les rebus que la société rejette à ses marges ou dissimule dans ses recoins peuplent cette fable tragi-comique qui emprunte à la science-fiction tout en restant ancrée dans notre présent. Dans une langue rétive à toutes les règles, hétéroclite, queer et musicale, Thymios Fountas fait surgir dans sa première mise en scène un univers empreint d’une poésie de l’étrange. Amoureux·se·s transi·e·s et rebelles, super-héros·ïne·s ambigu·e·s et provocateur·rice·s, ces figures qui résistent à la dérive persistent à rêver, déconstruisent tous les stéréotypes, du génie créateur au champion très masculin d’un néolibéralisme victorieux. Et elles persistent à rêver d’un ailleurs ou d’autre chose, dans un chant à la gloire des anti-héros·ïne·s, un tableau vivant situé à la croisée du mélodrame et du cyber-punk, de l’absurde et du conte.

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