L’éloge de la sobriété
Exit toute posture : Miossec accède à une nouvelle sincérité. Il en profite pour se découvrir lui-même, et se livrer comme jamais.
Ça n’est pas forcément avec les grands albums qu’on juge les grands artistes, non. C’est plutôt dans ces petites choses écrites en marge comme des instants récréatifs – certains diraient ces instants de rédemption ! C’était le cas avec Bruce Springsteen, dont Nebraska reste la perle secrète. C’est peut-être le cas également avec la dernière tentative de Miossec, Ici bas, ici même, petit chef d’œuvre de sincérité, avec lequel l’artiste délaisse tout artifice pour se consacrer à l’essentiel de lui-même. Bien sûr, on rappellera que tout cela résulte sans doute de sa nécessaire sobriété – il a été obligé d’arrêter de boire il y a de cela 4 ans ! –, même si celle-ci n’explique pas tout. La sobriété qu’on retient ici est celle de ces mots choisis, qui tombent comme autant de couperets : fermes, tranchants et en même temps si délicats. Il a laissé derrière lui toute posture pour se consacrer, au-delà de sa propre fragilité, aux failles de l’homme. Les situations qu’il décrit semblent plus vécues que jamais, comme s’il le heurtait à la vie pour la première fois, avec une lucidité nouvelle et cette forme d’empathie à laquelle sa mentalité de vieux loup de mer empêchait parfois d’accéder. Il semble neuf et comme il le chante lui-même « C’est pas fini / On peut encore se réparer ». Un constat d’espoir véritable qu’il rattache lui-même à la poésie, un constat qui ne fait pas fi des blessures mais qui ouvre une vraie porte de sortie, vers la vie, comme une possibilité inattendue. (E.A.)
À voir également en premier partie : Fiodor Dream Dog.
Pour en savoir plus
– [Vidéo] Masterclass Miossec à la Fnac Montparnasse
– Rencontre avec Miossec sur France Info
BONUS
Le dernier album de Miossec : Ici bas, Ici même en écoute