Sous une épaisse fumée blanche, une étrange créature apparaît. Son visage est dissimulé sous un masque de félin rose. Un imposant manteau de feutrine noire drape sa silhouette. De longs cheveux mauves flottent autour d’elle. Balayant la salle du regard, elle s’élance. Mi-homme, mi-animal, Volmir Cordeiro est traversé par les enjeux de la métropole et finit par la personnifier.
Aux côtés de Philippe Foch à la caisse claire, le chorégraphe nous livre un opéra dansé punk et bouillonnant, imaginé pendant la crise sanitaire. La ville, qu’il perçoit comme centrale et dynamique, regorge d’ambivalences. C’est un espace qui prône autant la liberté que la surveillance. Il tend à englober les individus, et pourtant ne cesse de les sélectionner. Il vante les nouvelles technologies, toujours plus aliénantes.
Au rythme des percussions, sa danse se transforme en une allégorie carnavalesque, endiablée, cagoulée, grimée, robotisée. Elle se présente comme une métaphore de la vie urbaine : frénétique, chaotique, mais aussi d’une beauté vibrante. À travers ses mouvements expressifs, Volmir Cordeiro interroge notre place dans cette métropole, où chacun·e se bat pour affirmer son existence. Sa performance frappe par sa force et sa détermination. Transgressive, elle revendique une liberté totale, loin de toutes normes.
Titulaire d’un doctorat en danse, Volmir Cordeiro a d’abord étudié le théâtre pour ensuite collaborer avec les chorégraphes brésiliens Alejandro Ahmed, Cristina Moura et Lia Rodrigues. Il intègre la formation Essais en 2011 au Centre National de Danse Contemporaine d’Angers où il obtient un Master en performance et création.
Comme interprète, il participe notamment aux spectacles de Xavier Le Roy, Emmanuelle Huynh, Jocelyn Cottencin, Vera Mantero. En tant que chorégraphe, il crée un premier cycle de travail composé de trois solos : Ciel (2012), Inês (2014) et Rue(2015). En février 2017, il monte à Brest une pièce pour quatre danseurs, L’oeil la bouche et le reste.
Il enseigne régulièrement dans des écoles de formation chorégraphique : au Master Exerce de l’ICI – Centre Chorégraphique National de Montpellier, au Master Drama de l’Académie royale des beaux-arts de Gand, à l’école de danse PARTS de Bruxelles, et à la Ménagerie de Verre à Paris.
Il est l’auteur d’Ex-Corpo, ouvrage consacré aux figures de la marginalité en danse contemporaine et à la notion d’artiste-chercheur·euse.
En 2021 avec Érosion, Volmir Cordeiro revisite les Ballets Suédois, troupe particulière dadaïste installée aux Théâtres des Champs-Elysées entre 1920 et 1925. Son solo Métropole est créé en novembre 2021 dans le cadre du festival d’Automne à Paris.
En 2021, Volmir Cordeiro reçoit le prix SACD Jeune Talent Chorégraphie.
Sa compagnie Donna Volcan pense le volcanique comme le fondement de la création : la terre, le feu, l’air et la pulsion vitale.