L’échelle de l’enfance
Le compositeur italien Ottorino Respighi s’attache au conte de Charles Perrault. Résultat haut en couleurs.
Chez les compositeurs, la tentation est parfois forte de s’inspirer de l’univers de l’enfance pour faire passer quelques messages esthétiques audacieux. C’est le cas notamment de compositeur de Bologne du début du XXe, Ottorino Respighi, qu’on associe généralement à de grandes fresques symphoniques. Là, avec cette pièce destinée à un jeune public, composée pour des marionnettes, il travaille par petites touches pour livrer une œuvre colorée qui révèle d’autres sources musicales. L’histoire, on la connaît bien, mais l’approche du livret qui s’appuie sur des cycles temporels, avec la récurrence du Printemps, nous interroge, nous autres petits et grands, sur le cycle même de la vie. La chose est d’autant plus troublante qu’on constate une opposition volontaire entre la dimension très accessible du récit et la complexité de la partition. La mise en scène de Valentina Carrasco rend hommage à ces options esthétiques aventureuses : l’environnement qui en résulte avec toute sa variété de couleurs renoue avec l’esprit du conte d’origine, mais aussi avec la féérie du théâtre de marionnettes. Dès lors, on vit grandeur nature ce rêve (pas vraiment) éveillé, comme si l’échelle de l’enfance avait été adaptée à la vision de l’adulte, dans l’attente d’un dénouement forcément heureux. (E.A.)
Pour en savoir plus
- La biographie d’Ottorino Respighi sur le site de France Musique
- La Belle au bois dormant racontée par Michèle Morgan (un livre disque Walt Disney)
- La Belle au bois dormant, texte intégral et analyse