Avec plus d’une quarantaine de projets artistiques, une programmation spécialement dédiée aux enfants et aux familles et de nombreux temps d’échange, Musica affirme son projet d’ouverture à tous les publics et à toutes les approches de la création musicale.
Le tableau de cette 43e édition est composé de différentes couleurs et parmi celles-ci, l’idée de « nouveau folklore » constitue une sorte de fil rouge. Cette tendance s’observe à travers différents projets et ensembles faisant usage d’instruments et de motifs musicaux dits traditionnels, ainsi que de modes de création et de transmission fondés sur l’oralité pour faire naître des sonorités nouvelles. Ce qui semble au premier regard s’apparenter à un retour aux sources marqué par une certaine nostalgie s’avère en réalité être une ligne de force de la création musicale contemporaine née de la prise en compte des territoires, des communautés qui les habitent et des relations que la musique permet de tisser entre eux. Un même esprit anime le collectif français La Nóvia, dont les membres sont basés en Auvergne, dans les Cévennes et dans les Hautes-Alpes, les Anglais de Shovel Dance Collective ou les musiciens boliviens issus de l’Orquesta Experimental de Instrumentos Nativos.
À leur côté, une formation légendaire fait son retour à Musica après plusieurs décennies d’absence : le Kronos Quartet, qui présente Elja, une création des compositrices norvégiennes Benedicte Maurseth et Kristine Tjøgersen qui s’ajoute aux nombreux projets à l’écoute des musiques folkloriques et populaires que le quatuor fit rayonner durant sa carrière. Une autre ligne de la programmation se dessine dans leur sillage avec l’invitation de JACK Quartet et du Quatuor Bozzini pour rendre compte de la vitalité créative des quatuors à cordes nord-américains.
Parmi les créations mondiales marquantes présentées en ouverture du festival, on compte notamment le dernier projet d’Alexander Schubert, Eternal Dawn : une forme scénique sur le thème du transhumanisme usant d’intelligence artificielle et faisant muter les interprètes grâce à des prothèses biomécaniques. Le collectif strasbourgeois lovemusic, récemment auréolé du Prix d’Ensemble de la Fondation Ernst Von Siemens, présentera quant à lui un nouveau cycle de chants de Laura Bowler, The Sad Album, que cette dernière interprétera elle-même au chant.
Musica tire chaque année partie de la position stratégique de la Ville de Strasbourg en tant que carrefour européen. En 2025, le festival invite les Polonais de l’ensemble Spółdzielnia Muzyczna, associés à l’ensemble français 2E2M, pour un panorama de la jeune création polonaise. Et lors du second week-end, voit le jour un partenariat exceptionnel entre Strasbourg et Montréal, la Région Grand Est et le Québec, la France et le Canada, à travers la présence de plusieurs artistes et formations musicales québécoises et canadiennes et une carte blanche au festival montréalais MUTEK. Ce programme met également à l’honneur la compositrice Nicole Lizée et donne lieu à des rencontres professionnelles internationales organisées par les réseaux de création musicale contemporaine homologues que sont Le Vivier (CA) et Futurs Composés (FR).
Le théâtre musical fait partie de l’ADN de Musica depuis son origine grâce aux liens qui unissent le festival avec les théâtres de Strasbourg et de sa région. Cette année, la metteuse en scène Nina Laisné, le danseur et chanteur François Chaignaud et la musicienne argentine Nadia Larcher présentent au Maillon à Strasbourg et à la Filature de Mulhouse leur dernier opus, Último helecho, né de recherches de terrain en Amérique du Sud et inspiré par des danses traditionnelles et le répertoire musical baroque de l’époque coloniale. Après sa création au Festival d’Avignon, le metteur en scène et dramaturge Joris Lacoste présente Nexus de l’adoration, une pièce donnant naissance à une nouvelle religion contemporaine à travers les codes ironiquement détournés de la comédie musicale et de l’intelligence artificielle. Enfin, la metteuse en scène Maëlle Dequiedt, associée au dramaturge Simon Hatab et au compositeur Francisco Alvarado, présente une commande du festival : The Democracy Project, une écriture de plateau inspirée par la théorie sociale de David Graeber, avec trois jeunes musicien·nes relatant leurs parcours à l’issue de leurs études, mais aussi leurs doutes et leurs désirs au moment d’entamer une carrière professionnelle.
Plusieurs rencontres professionnelles jalonnent également le festival : une rencontre des studios électroniques européens, à l’initiative de l’association des Centres Nationaux de Création Musicale (CNCM) ; une rencontre franco-polonaise pour mieux inclure la scène des pays de l’Est ; un colloque organisé avec l’European Network for the Philosophy of Music et l’Université de Strasbourg sur l’intelligence artificielle en musique ; une rencontre avec le réseau RamDam dédié à la création musicale pour le jeune public ; une rencontre franco-québécoise autour des droits culturels et des stratégies culturelles et artistiques liées aux diversités et à l’autochtonie ; ainsi que les rencontres annuelles « Égalité/VHSS » du réseau Futurs Composés.
Découvrez la programmation complète : https://festivalmusica.fr/programme
