Euphorie wagnérienne
À seulement 25 ans, Wagner, alors jeune étudiant en musique, s’inspire de sa pièce fétiche de Shakespeare, Mesure pour mesure, pour en faire un opéra absurde et clinquant.
Wagner s’est lancé dans la composition d’un opéra comique en deux actes. Inhabituel quand on connaît ses futures œuvres !
Das Liebesverbot, traduit en français par La Défense d’aimer, c’est l’interdiction donnée par le gouverneur Friedrich, remplaçant le roi en visite à Naples, d’organiser le carnaval sicilien. Friedrich, symbole de l’austérité du gouvernement du 19e siècle, tente par cette mesure de réprimer le libertinage ; en cela, il est le représentant d’une société obnubilée par une morale qu’elle ne pratique pas. Il est d’ailleurs le premier à essayer de séduire une nonne… mais pas le seul : dans cet opéra, les intrigues amoureuses se nouent et se dénouent les unes après les autres. L’absurdité de ce quotidien se trouve exacerbé, à tel point que le spectateur finit par se demander comment le compositeur a pu parvenir à éviter la censure de l’époque. Le roi se doutait peut-être déjà du flop qu’allait faire cet opéra : la première en mars 1836 à Magdeburg fut un véritable désastre. De son vivant, Wagner n’eut pas l’occasion de le jouer dans de meilleures circonstances. C’est seulement lors d’une réinterprétation à Munich qu’on reconnaîtra les qualités de cette œuvre, singulière et extravagante.
Das Liebesverbot dévoile la double morale de la société de l’époque et se révolte contre ce système trop strict et hypocrite. C’est une satire comique, à la fois politique et légère, qui plaira tant aux amateurs qu’aux novices. (C.S)
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