La tragédie, acte premier
Nora Schlocker met en scène la toute première version du mythe de Faust, dans laquelle Goethe met l’accent sur l’histoire d’amour malheureuse entre Faust et Marguerite.
Pendant plus de 60 ans, Goethe s’est confonté au mythe de Faust. Lorsque de 1772 à 1775, parallèlement à son travail sur Werther, il s’attelle à sa première réinterprétation de la fable médiévale qui l’a tant marqué, il ne se doute pas que cette matière va l’occuper toute sa vie. En 1808, il publie Faust. Eine Tragödie (Faust. Une tragédie), Faust II ne sera édité qu’après sa mort. L’unique manuscrit de Urfaust (Faust primordial) a été découvert en 1887, et a éclairé significativement la genèse de l’œuvre sans doute la plus célèbre de la littérature de langue allemande.
Cette première version est avant tout d’un drame de l’amour, qui mêle prose et vers. Le rôle de Méphistophélès se distingue considérablement de celui qui joue dans la version de 1808 : ici, pas de pacte entre le diable et l’érudit désabusé, pas de cuisine de sorcière ni de nuit de Walpurgis ; Méphistophélès ouvre seulement la voie au malheur. En revanche, on retrouve tant sur la forme que sur le fond des prémisses très précises de la forme plus tardive, dans la description des lieux comme dans celle des sentiments. La funeste relation entre Faust et Marguerite est éclairée dans tous ses détails. Séduite par Faust, elle devient pécheresse et meurtrière contre son gré et sous l’emprise de la folie.
À sa question sur sa foi, qu’elle pose à Faust, Marguerite donne à son tour et en conclusion une réponse sans compromis : elle se refuse à lui, qui veut pourtant la sauver de la prison, pour s’en soumettre au jugement de Dieu qu’elle pense mériter.
Photo © Simon Hallström
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