Après La Mariée et Bonne nuit Cendrillon, retentissant moment de théâtre, Carolina Bianchi présente au Maillon le deuxième opus de son triptyque Cadela Força consacré aux violences sexuelles et à leur représentation dans les arts. Pour cette exploration, elle adopte avec The Brotherhood un angle nouveau : celui de cette « fraternité » masculine, lien puissant qui innocente les hommes et cautionne leurs crimes à l’endroit des femmes. Quelles en sont les racines et les codes ? Comment se perpétue-t-elle ? C’est en interrogeant le théâtre lui-même que l’autrice, metteuse en scène et performeuse creuse ces questions, avec sa présence captivante sur scène et son talent pour les tableaux atmosphériques. Tissant des liens entre le réel et sa transposition artistique, la radicalité de la poésie et la brutalité des rapports de force, la pièce convoque l’individuel et le collectif : à l’interview d’un metteur en scène de renom fait suite un second mouvement où la scène est envahie par les performeurs et danseurs brésiliens. Une plongée salutairement dérangeante en ce qu’elle fait vaciller un ordre établi.
Théâtre, performance / Brésil / coproduction Maillon