Insaisissable Boa
Le rocker indé Phillip Boa reste un parangon du rock classique : il sort un album qui joue les contrastes tout en évitant la surcharge.
Philipp Boa est l’incarnation même du rocker indé : il refuse d’accorder des interviews aux médias grand public, refuse le streaming de ses morceaux parce qu’il soutient l’industrie de la musique et se bat inlassablement contre toute forme d’art superficielle. La dénomination d’ « indépendant » n’est pas chez lui qu’une coquille vide de sens, mais bien une philosophie de vie.
C’est certainement cette authenticité qui permet à Philip Boa de faire encore partie, après plus de trente ans de carrière, des grands de la scène rock allemande. À tous ceux qui le considèreraient, lui et ses Voodooclubber, comme un reliquat des années 90, il faut conseiller l’écoute de son nouvel album.
Bleach House réunit seize titres de rock indé classique, qui ne donnent ni dans le rock-noise lourdingue, ni dans les accès de fureurs intempestifs, ici distillés avec parcimonie. Certains morceaux comme Chronicles Of The Heartbroken ou Are You The One From Heaven s’autorisent même un peu de romantisme et flirtent avec la ballade. Et puisque l’on parle de douceur : l’album accorde même une place aux voix féminines.
Mais le maître des contrastes musicaux ne s’en tient pas là : après la modération, place à l’excès avec des bombes indés telles qu’Icons of Anarchy, qui sature nos esgourdes de punk rock américain. Le résultat est un chef d’œuvre qui évite l’écueil de la surcharge, mais sait jouer la surprise.
Pour en savoir plus
- Le site de Philipp Boa
- Philipp Boa contre le streaming sur Deutschlandradio Kultur (DE)
- Portrait de Philipp Boa sur Laut.de (DE)
