Marteau qui bat le fer
L’ex-chanteur de Genesis et star des années 80, Peter Gabriel, revient sur scène pour revisiter l’album de tous les succès : So.
Les plus jeunes l’ont peut-être oublié, mais Peter Gabriel a été le leader incontesté de Genesis, bien avant que Phil Collins, alors batteur du groupe, n’en prenne les manettes. Il était non seulement le leader, mais aussi le théoricien, cet intellectuel amateur de littérature anglaise médiévale, qu’on retrouvait au début des années 70 affublé de bien étranges costumes – le masque de renard restera à jamais un must dans l’histoire de la musique pop britannique !
Quand il quitte le groupe en 1975, après le succès critique des chefs d’œuvre prog-rock Selling England by the Pound etyThe Lamb Lies Down on Broadway, on donne le groupe pour mort. Lui-même ne s’en soucie guère, et se lance dans une carrière solo qui le voit bifurquer vers la new wave de la fin des années 70. Il connaît un succès d’abord confidentiel, puis phénoménal au milieu des années 80, à l’ère de la FM triomphante et des vidéos diffusées en boucle sur MTV, avec des hits comme Sledgehammer ou Red Rain. Pourtant, personne ne pourra lui reprocher la moindre compromission.
Contrairement à bon nombre d’artistes de sa génération, il suit la voie qu’il s’est lui-même fixée avec un enthousiasme communicatif. Accédant à la célébrité, il poursuit cependant ses expériences musicales, entrainant à sa suite les artistes qu’il signe sur son label Real World et produit en Angleterre, Nusrat Fateh Ali Khan, Youssou N’Dour ou Joseph Arthur. Si plus récemment il a exploité les recoins de son propre répertoire comme avec cette tournée consacrée à l’album So (1986) ou en s’adonnant à l’exercice périlleux de la reprise (David Bowie, Talking Heads, Radiohead), il n’en reste pas moins l’un des artistes les plus intègres et même les plus attachants qu’on ait jamais rencontrés dans le domaine de la pop. (E.A.)
