Variétoscope
Ils sont dix-huit sur scène : danseurs, acteurs, musiciens, performeurs, d’Allemagne, de Côte d’Ivoire… Réunis pour un show en référence au gangster Pololo.
Des pays oui, des continents surtout, en raison du très vaste et sauvage croisement que l’Histoire entre nous produisit.
En fait, aucun ne ressemble à l’autre et c’est là l’intérêt car la mise en scène s’inspire du «Variétoscope », show très populaire en Côte d’Ivoire : moyens simples, rythmes fulgurants, pour un effet maximal. Le spectacle lui-même fait référence à John Pololo, légendaire gangster des années 80. À Abidjan, le phénomène Pololo se nourrit des cultures de la rue et du chic des loubards, comme la culture du gangsta rap aux États-Unis. Et la danseuse Cecilia Bengolea ajoute au Who’s Who transculturel, avec le twerk, le Krump, le voguing…
Un extraordinaire panaché d’influences, donc ; mais il n’y a pas que le genre qui soit conditionné : les corps et leur image dépendent totalement d’influences culturelles et sociales, ce qui engendre nécessairement une multitude d’erreurs de traduction. Not Punk, Pololo engage ces désaccords ; il nous les fait saisir, sans les résoudre pour autant, et produit séance tenante de nouvelles associations, établit de nouvelles connexions car c’est le temps qui compte. Comment entendre, en effet, que le théâtre donne espoir, alors qu’en Afrique tout se joue au-delà même du désespoir ? Au-delà du théâtre donc – étymologiquement, le lieu d’où l’on regarde – quelques beats percutants nous mènent directement de la salle au dance floor…
