mirages et tendresses

Bâtir du commun, bâtir en commun : telle est l’expérience sensible à laquelle invite Ivana Müller. Dans mirages et tendresses, danseuses et performeurs font ensemble l’expérience concrète de la construction. À l’aide de branches de noisetier et de fils de laine colorés, sur une scène nue, entourée du public, ils et elles échafaudent ensemble une structure, tissent un espace inédit et indéfinissable. Ni un parlement, ni une cathédrale. Un chantier utopique car inutile, c’est-à-dire échappant à l’impératif de l’utilité, avec comme ciment la solidarité, relation essentielle et trop souvent oubliée, qui implique avant tout l’écoute et l’attention à l’autre. Défaire un nœud devient un projet collectif, maintenir un équilibre instable une nécessaire collaboration.

Et tandis que s’élabore cette allégorie, se déploie, porté par les interprètes, le récit d’un nous en quête d’un refuge, lieu de consolation, du repos à l’écart du monde, mais aussi point de départ d’un recommencement. Ivana Müller joint ainsi le geste à la parole, et redonne son vrai sens au mot performance : un faire qui trouve son sens dans le faire lui-même.