Combat Girls
Un chœur de femmes de tous âges élève ses voix contre l’image et la place des femmes dans nos sociétés contemporaines. Magnificat de la Polonaise Marta Górnicka dynamite les clichés avec énergie et séduit autant par la forme que par le discours.
Ce fut l’une des belles découvertes de ces dernières années. Programmé en 2012 lors du festival Premières, le Magnificat de Marta Górnicka nous avait impressionnés. Dans un choix esthétique radical, la jeune Polonaise s’empare de la forme du chœur, à la fois familière et rare sur les plateaux de théâtre. Ni chœur d’opéra, ni chœur tragique (peut-être une fusion des deux ?), 25 femmes forment ici un groupe humain, tantôt unanime, tantôt dissonant. Placées sur scène dans une configuration qui évolue peu au cours du spectacle, elles font circuler entre elles la parole et le son, et le rythme donné par leurs voix et leurs pieds crée une véritable dynamique et une intensité.
25 femmes puissantes qui font l’effet d’une foule dans laquelle se détache néanmoins chaque individu. Sous la direction de Marta Górnicka elle-même, elles scandent ou murmurent des extraits de textes d’Elfriede Jelinek, Adam Mickiewicz et Euripide, des recettes de cuisine ou des textes féministes militants. Magnificat expose et démonte avec vigueur la place de la femme dans la très catholique société polonaise, qui érige la Vierge en modèle. À l’évidence, la seule présence sur scène de ces comédiennes suffit à le dynamiter.
Avec ce spectacle comme avec le suivant, Requiemachine, Marta Górnicka place le collectif au centre de son langage théâtral tout en optant pour une production légère. Une proposition d’une grande pertinence, à voir pour la première fois en Suisse, en ouverture du festival It’s The real Thing. (S.D.)
Photo © Krzysiek Krzysztofiak
Pour en savoir plus
Dans les archives de szenik :
Notre article et vidéo sur Requiemachine de Marta Górnicka
