Déclaration d’amour à celle qui écrivait pour « transformer la colère », le spectacle de Marie Fortuit raconte aussi comment l’héritage poétique et politique d’Anne Sylvestre résonne dans le parcours de deux jeunes femmes artistes aujourd’hui. En entremêlant chansons, textes d’auto-fiction, archives radio, il rend un hommage tout en finesse à la magnifique insolence d’une indémodable pionnière.
Une œuvre-fleuve, où voguent plus de sept cents chansons. Pour certain·es, Anne Sylvestre a un parfum d’enfance. Mais bien loin des Fabulettes, son répertoire est d’abord militant et féministe. Précurseuse du concept de sororité avec la chanson Frangines, révoltée par les inégalités domestiques dans Clémence en vacances, défendant le droit à l’avortement avec Non, tu n’as pas de nom, Anne Sylvestre a ouvert une voie singulière, où l’indignation se fait poésie, dans les mots et les mélodies.
Plutôt qu’un tour de chant, Marie Fortuit a inventé, en complicité avec la pianiste Lucie Sansen, une forme inédite et habitée, faisant surgir d’autres voix, celles d’autrices et des compagnes de route de la chanteuse, mais aussi sa propre écriture qui porte les combats d’aujourd’hui. Comme l’émergence d’un matrimoine puissant, dont les chansons d’Anne Sylvestre, bouleversantes ou drôlissimes, sont le trait d’union. Dans une belle simplicité, avec juste un piano, un harmonium, quelques accords de guitare, le duo offre un moment de pur enchantement.
