Aux origines, la danse était utilisée collectivement pour célébrer la nature dans un dialogue avec la culture. Le danseur et chorégraphe Louis Gillard s’empare du symbole du passage de l’hiver au printemps pour initier une déambulation participative menée par 20 adolescent·es quittant l’enfance pour l’âge adulte. La Parade des cent démons propose aux acteur·ices et au public de se délester de leurs démons intérieurs. Elle repose sur une croyance issue du folklore japonais qui veut que, chaque année, des yōkai (esprits, étranges apparitions…) aux formes anthropomorphes et zoomorphes prennent d’assaut les rues la nuit venue, jusqu’au lever du jour suivant.
Elle redonne du sens à la notion galvaudée de populaire grâce au concours du musicien strasbourgeois Florian Borojevic, spécialiste du gamelan balinais servant de socle social aux rituels qui régissent les événements importants de la vie. À côté de taikos (tambours traditionnels japonais), il recrée un instrumentarium réalisé à partir de matériaux industriels et de récupération afin d’initier une musique savante dont chacun·e peut s’emparer. En marchant et dansant tous·tes ensemble, cette fête cathartique et carnavalesque rend poreuse l’habituelle frontière séparant regardant·es et regardé·es.