Festival Musica 2022

Avec la création mondiale de Migrants du compositeur grec Georges Aperghis, Musica s’ouvre sur la perte d’identité et la tragique disparition de soi si souvent vécues par ces femmes et hommes qui errent à travers l’Europe. Tout comme le compositeur grec, la finlandaise Kaija Saariaho aura franchi de nombreuses frontières pour s’imposer. À l’occasion de son soixante-dixième anniversaire, elle est l’invitée d’honneur du festival, à travers une nouvelle production de son opéra Only the sound remains, une grande soirée autour de sa musique dans l’écrin historique du Palais des fêtes de Strasbourg, ainsi qu’un concert de l’Orchestre national de Metz Grand Est mettant en valeur plusieurs générations de compositrices.

Plusieurs spectacles s’attachent à des histoires personnelles, à des tranches de vie : Alessandro Bosetti met en scène son histoire familiale dans son Journal de bord ; avec Personnel et confidentiel, Kaj Duncan David nous fait pénétrer dans l’intimité du contreténor Daniel Gloger ; Joëlle Léandre partage généreusement sa musique et 50 ans de parcours artistique. D’autres propositions se concentrent sur un objet unique, comme pour en faire jaillir une vie : c’est le cas du fantastique concerto pour tuba de Simon Steen-Andersen, Transit, où l’on se promène dans l’histoire de l’instrument, mais aussi à l’intérieur même de sa machinerie à la manière d’une endoscopie.

Musica pousse encore plus loin la relation intime à la musique et convie les spectateurs et spectatrices à une expérience inédite. Durant tout le festival, des centaines de concerts se glisseront dans des lieux strasbourgeois insolites ou normalement inaccessibles. Ces micro-concerts, ces « concerts pour soi » destinés à une ou deux personnes seulement, permettront à tout un chacun de s’interroger sur son écoute, son rapport intime à la musique et d’approcher au plus près le geste musical.

Enfin, le face-à-face musical et l’introspection nous conduiront à son inverse : la relation collective,
le partage, la joie du groupe, voire le chaos du multiple. C’est tout le sens de Noir sur blanc (Schwarz auf Weiss), l’un des chefs-d’œuvre du célèbre compositeur et metteur en scène Heiner Goebbels : un plaidoyer en faveur du partage et des communautés ouvertes, doublé d’une véritable fête des musiciens lors de laquelle l’Ensemble Modern dépasse toutes les bornes.

En termes géographiques, après avoir rayonné sur l’axe ouest-est en 2021, de la Cité de la musique et de la danse à la ville allemande de Kehl, le festival met cette année l’accent sur l’axe nord- sud, de Schiltigheim au quartier de la Meinau. Les propositions destinées aux familles et au jeune public, désormais très attendues, seront le moteur de cette circulation des œuvres et des sonorités.

Musica poursuit également le développement de son potentiel de collaboration territoriale à l’échelle de la Région Grand Est. Après une extension mulhousienne en 2021, le festival clôture son édition 2022 à Nancy. Un rendez-vous inédit, le temps d’un week-end co-construit avec les acteurs culturels nancéens, dont l’Opéra national de Lorraine et son orchestre, le Centre Culturel André Malraux – Scène Nationale de Vandœuvre-lès- Nancy, le Musée des Beaux-Arts, le Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy Lorraine ou le festival Nancy Jazz Pulsations.