Spectre coloré
Dans FaRbEn, le jeune dramaturge suisse Mathieu Bertholet s’appuie sur la vie de la chimiste Clara Immerwahr pour illustrer les dérives de la science et du pouvoir. Véronique Bellegarde imagine une mise en scène pointue pour cette pièce aux multiples entrées.
Mai 1915. À quelques jours d’intervalle, 15 000 hommes meurent au front de la première attaque au gaz de l’histoire et une jeune femme se donne la mort à Berlin. C’est Clara Immerwahr, la femme du scientifique Fritz Haber, considéré comme le « père de l’arme chimique ». Également diplômée de chimie, elle préféra cependant soutenir son mari plutôt que de poursuivre une carrière controversée…
Touché par l’éphémère de cette destinée, Mathieu Bertholet a vu dans l’existence de Clara l’image d’une vie broyée par les désillusions. Difficile, en effet, de vivre au côté d’un homme avide de pouvoir au point d’en oublier toute éthique scientifique. Prenant pour point de départ le suicide comme acte politique, le dramaturge suisse distille dans FaRbEn une narration oscillant entre documentaire et journal intime.
Depuis sa première représentation sur scène par Véronique Bellegarde en 2005, la pièce a été lue à la Comédie-Française et a reçu le prix Italia de la meilleure fiction radio par France Culture. Un succès que l’on doit à une mise en scène hybride, conjuguant moments d’onirisme et ancrages historiques, pour un respect pointilleux des 150 micro-scènes imaginées par Mathieu Bertholet. (C.T.)
Photo : Philippe Delacroix
Pour en savoir plus
- Interview de Mathieu Bertholet pour La Terrasse
- Critique du spectacle par Télérama
- Découvrir le travail de Véronique Bellegarde
