Dans un no man’s land, en marge de nos sociétés policées, trois figures tentent de survivre. Souvent loufoques, parfois inquiétantes, elles se débattent dans l’existence, nouent et renouent des liens toujours fragiles, tentent de former tant bien que mal une communauté précaire. Mais elles ne sont pas seules : comme dans le motif pictural remontant au XIVe siècle qui donne son nom au spectacle, c’est la figure éternelle de la mort, sur la scène, qui mène le bal. Et dans ce monde où le comique est grinçant, les objets eux aussi ont droit de cité : ils y déploient leur propre existence, se rebellent contre l’autorité des humains.
Convoquant le cirque, le théâtre, les arts visuels dans un décor audacieux, Martin Zimmermann déploie un univers où s’exprime le tragicomique de l’existence. Sans cesse menacés de disparition, quatre marginaux y expérimentent le « vivre-ensemble », dans sa version grimaçante. Miroir déformé de nous-mêmes, ils nous rappellent autant la récurrence de l’échec que la capacité humaine à se relever. Comme celle de Baudelaire dans Les Fleurs du Mal, la danse macabre de Zimmermann nous « entraîne en des lieux qui ne sont pas connus » – à moins que… ?