L’Homme et son chaos intérieur
A l’opéra de Zurich, Sebastien Baumgarten met en scène une oeuvre qui traite de l’autodestruction de l’Homme. En cette ère d’abondance, est-on devenu insatiable ?
On a tout ce qu’on veut, ou on a en tout cas l’impression de pouvoir tout faire, du moment qu’on a le portefeuille rempli. On peut se faire livrer n’importe quoi en un temps record, on peut trouver un roman rare sans problème, on peut acheter un appartement puis le revendre s’il ne nous plaît pas… Il est devenu tout naturel de cliquer sur « acheter » et « commander ». Sauf que ça ne l’est pas, naturel ! Ce que montrent surtout ces comportements, c’est que tout est régi par une seule chose : l’argent.
C’est aussi le cas dans cet opéra de Bertolt Brecht et Kurt Weill, où Léocadia et Moïse la Trinité sont en cavale et fondent la ville de Mahagonny. Là-bas, tout est possible, et tout est permis. A une condition : que l’on paye (sinon, c’est l’échafaud). Rapidement, ce lieu attire les individus les plus divers, comme Paul, qui va trouver en Jenny sa perdition. Quand un ouragan risque de balayer la ville, toutes les barrières morales s’écroulent, et Paul commet une grave erreur.
Ici, la question est de savoir si un tel endroit peut exister pour toujours, ou si c’est comme un pays de Cocagne, où au bout d’un moment, on se lasse du plaisir constant ? Dans cette œuvre, Brecht et Weill tirent les oreilles de la société et lui montrent que si le luxe peut être tentant, il peut aussi faire perdre la tête. Alors réjouissez-vous d’avance de venir voir cette création portée par une distribution fantastique (dont font partie Karita Mattila et Annette Dasch) et dont la subtilité n’a pas de prix.
Fabio Luisi, direction musicale
Sebastian Baumgarten, mise en scène
Leokadja Begbick, Karita Mattila
Willy der Prokurist, Michael Laurenz
Dreieinigkeitsmoses, Christopher Purves
Jenny Hill, Annette Dasch
Paul Ackermann, Christopher Ventris
Jakob Schmidt, Iain Milne
Heinrich, genannt Sparbüchsenbill, Cheyne Davidson
Josef, genannt Alaskawolfjoe, Ruben Drole
Tobby Higgins, Jonathan Abernethy
Philharmonia Zürich
Choeur de l’Opéra de Zürich