Magnifique actrice, marionnettiste et metteuse en scène, Yngvild Aspeli évoque dans cet entretien sa pièce la plus récente Chambre noire, présentée au TJP CDN d’Alsace Strasbourg en novembre 2017, après la création dans les Îles Lofoten et au Festival mondial des théâtres de marionnettes de Charleville-Mézières 2017.
Bouleversante évocation de Valerie Solanas, féministe extrême, intellectuelle radicale américaine, auteure du pamphlet « SCUM Manifesto », dont on ne retient souvent le nom parce qu’elle a essayé de tuer Andy Warhol… Mais c’est avant tout le destin, l’histoire d’une femme qui s’est battue pour sa liberté, et rêvait d’une société libre, et de son immense solitude. Jusque dans ces dernières heures.
Le spectacle, adapté d’un texte de Sara Stridsberg, raconte, dans un va-et-vient temporel, la folie et la douleur de cette femme qui s’est sentie trahie par le père du Pop art, et plus généralement abandonnée de tou.te.s.
L’utilisation ici, avec une telle sensibilité, de marionnettes permet de toucher à des sensations et des émotions profondes qui sans cela ne pourraient que difficilement être présentées sur scène. Elles permettent de toucher au plus intime (et universel) et gardant la distance juste pour ne pas basculer dans le pathos ou le sordide.
Un spectacle d’art visuel, une sorte de cabaret berlinois contemporain, porté magnifiquement sur scène par Yngvild Aspeli, actrice, marionnettiste et metteuse en scène, et Ane Marthe Sorlien Holen, percussionniste, chanteuse et compositrice.
texte, intervierw et vidéo : alain walther
photo : Benoît Schupp