Inspirée de l’histoire vraie de deux Américaines excentriques vivant en marge de la société dans un gigantesque manoir délabré, la nouvelle création de Pierre Maillet nous transporte au Reno Sweeney, lieu mythique des nuits new-yorkaises des années 70. Chansons, paillettes, transformisme… bienvenue au cabaret !
En 1975, un documentaire des frères Maysles met en lumière Edith Bouvier Beale et sa fille Edith. Issues de la haute société, tante et cousine de Jackie Kennedy, les deux femmes vivent dans un manoir de vingt-huit pièces qui tombe en ruines. Leur misère extrême, elles la transforment en œuvre d’art, laissant souffler sur leurs existences un incroyable vent de liberté. Les cinéastes filment leur quotidien, un spectacle permanent, où elles chantent et dansent, s’adorent et se détestent.
Les Beale mère et fille sont devenues, après la sortie du documentaire, de véritables icônes de la culture pop aux États-Unis. La pièce L’Art de la chute, de Sara Stridsberg, est une version fantasmée de leur histoire. Pierre Maillet en propose une adaptation entrecoupée de chansons et transpose le récit dans le cocon du Reno Sweeney, où Little Edith a donné un spectacle après la mort de sa mère. Le public, installé autour de guéridons, fait connaissance avec ces figures étranges et magnifiques, qui convoquent les fantômes de leur passé et se métamorphosent à vue. Du répertoire des Années folles jusqu’aux airs country, piano, guitare électrique et batterie accompagnent ce spectacle de cabaret théâtral, fascinant et follement généreux.