HARD-BOP, MINIMALISME, PETITE RESTAURATION ET CHIEN FREE PUNK.
Les soirées OH! sont aussi des soirées d’échanges.
Strasbourg invite Paris, OH! reçoit Sweet Dog. Deux concerts pour une soirée unique en son genre. Les genres, justement, se mélangeront au bar Le Petit Tigre. Aux musiques improvisées, élégantes et rapides, du duo (Parenthèses) fera face la jolie gueule de Sweet Dog.
(Parenthèses) :
Point de suspension, ici, on parle de parenthèses. Rien d’éthéré ni de vaporeux, pourtant. Loin du commentaire anecdotique, ce qui est contenu dans (Parenthèses) est du genre essentiel. Michael Alizon et Jean-René Mourot savent ce qu’ils font. Maîtrisent ce qu’ils jouent grâce à leur solide complicité née en 2015. Structures aussi complexes qu’évidentes, le duo taille dans la matière brute pour tracer des lignes à l’élégance lente, à l’énergie vivace. Abstraction, pour la forme, profondeur du dialogue, pour le fond. Et des mélanges : blues, minimalisme de Phil Glass, comptines, hard-bop, contrepoint savant et leitmotivs joueurs. De leur instrumentarium laconique, sax et Fender Rhodes, les récits naissent facilement. Sensibles, diablement ancrés dans une certaine tradition du jazz de chambre, divinement propulsés par une maîtrise de l’élégie classique. Expressionniste et vive, la musique n’est, ici, pas loin d’une suite de traits vifs, loin, très loin de la fermer, cette parenthèse ouverte à chaque mesure.
Sweet Dog :
Ce cabot a les dents longues, les aboiements punks et les hululements free. Chez Sweet Dog, l’impro libre se frotte le poil à l’énergie libertaire et radicale. C’est velu, gonflé et jamais lustré. Une sorte de free punk poétique et ébouriffé, matez les photos de Rimbaud, pour avoir une idée du chien de Julien Soro, Paul Jarret et Ariel Tessier. Trio qui emprunte sa manière de dialoguer aux formules de Paul Motian, son spirit à la source éternelle qu’est Coltrane. Pour aller encore ailleurs. Rock, noise et saillies électro se combinent sur le terrain de jeu du trio. Sax-guitare-batterie laissent libre jeu à l’électricité. Celle qui amplifie les sons, celle qui parcourt les corps des trois musiciens, celle qui leur fait mordre la poussière. Et recracher des tempêtes soniques. C’est beau à voir, dense à entendre. C’est très vif, très incisif, Sweet Dog. Musique intense, éprouvante. Au meilleur sens du mot. Celle qui vous laisse essoré et heureux, sûr d’avoir assisté à une chose nourrissante.