FARaway – Festival des Arts à Reims : placé sous le signe des « artistes agitateurs et agitatrices », le nouveau festival de spectacle vivant revendique doublement son désir d’ouverture et d’engagement.
Plus international que Reims Scènes d’Europe auquel il succède, le festival FARaway s’étend au-delà du continent européen, porté par la nécessité de s’inscrire dans notre monde pour mieux le questionner, voire le bousculer.
Que nous disent les artistes du monde d’aujourd’hui ? Qu’en est-il du théâtre, de la danse, de la musique ou de la performance par-delà nos frontières ? Comment se vivent, se détournent ou s’intègrent les enjeux politiques, sociaux et économiques ? Autant de questions qui participent à l’identité de ce nouveau festival pluridisciplinaire qui entend mettre en lumière des créateurs et créatrices venus de tous les pays, avec une programmation aussi ouverte à la diversité des formes qu’engagées dans les problématiques qu’elle aborde.
Fruit d’une démarche collaborative entre sept structures culturelles rémoises, le festival FARaway s’inscrit aussi dans une nouvelle dynamique avec une programmation résolument collégiale et des parcours thématiques construits pour permettre aux spectateurs de naviguer d’une scène à l’autre, d’enchaîner les représentations et de pouvoir assister à tous les spectacles.
Les initiateurs du festival FARaway en interview avec #szenikmag
FARaway, première !
FAraway réalise la rencontre entre les arts de la scène – danse, performance, théâtre, musique – et des artistes de tous horizons qui portent un regard acéré, singulier, dérangeant parfois, sur notre monde, vers le continent africain et le Brésil notamment. Dans ce bouillonnement artistique, émerge une scène contemporaine aussi engagée que stimulante, sur le plan politique comme esthétique.
Ancrés dans le réel ou le documentaire, nombre de spectacles interrogent au plus près des aspects brûlants de notre histoire :
- le chorégraphe Faustin Linyekula sonde les plaies toujours vives du passé colonial du Congo (CONGO du 1er au 2 février 2020 au Manège)
- le metteur en scène suisse Milo Rau reconstitue un des rouages de la machine génocidaire au Rwanda (HATE RADIO du 1er au 2 février 2020 à la Comédie de Reims )
- David Geselson évoque la lutte pour les droits civiques à travers un portrait militant de Nina Simone (LE SILENCE ET LA PEUR du 4 au 5 février 2020 à la Comédie de Reims)
- Jan Lauwers questionne les dérives identitaires dans TOUT LE BIEN (du 8 au 9 février 2020 à la Comédie de Reims)
- la chorégraphe militante Lia Rodrigues dénonce la brutalité de la société brésilienne dans FURIA (du 7 au 8 février 2020 au Manège)
- l’inclassable metteuse en scène Christiane Jatahy explore les rapports de domination du Brésil d’aujourd’hui (JULIA du 6 au 7 février 2020 à l’Atelier de la Comédie) et livre une fresque bouleversante sur les migrations contemporaines (LE PRÉSENT QUI DÉBORDE du 31 janvier au 1er février 2020 à la Comédie de Reims).
Interroger le monde d’aujourd’hui
La scène actuelle est aussi porteuse d’autres engagements, peut-être moins frontalement politiques mais tout aussi aigus :
- le circassien Vasil Tasevski offre une pièce très personnelle sur l’errance (LES FRONTIÈRES DE LA COULEUR du 1er au 9 février 2020 au Manège)
- le Brésilien Luiz de Abreu agite la question du genre dans un solo fiévreux (O SAMBA DO CRIOULO DOIDO le 2 février 2020 à la Comédie de Reims)
- le « supergroupe » Les Amazones d’Afrique réunit les plus grandes chanteuses (Angélique Kidjo, Kandia Kouyaté, Mamani Keïta…) pour défendre les droits des femmes (le 30 janvier 2020 à la Cartonnerie)
- le catalan Roger Bernat s’empare de la parole des travailleurs (NUMAX-FAGOR-PLUS le 31 janvier 2020 au FRAC Champagne-Ardenne)
- les Cris de Paris affichent un cosmopolitisme salutaire (JARDINS PARTAGÉS de Pierre-Yves Macé, le 8 février 2020 à l’Opéra de Reims)
- GUERRIÈRES de Lucie Antunes et Uriel Barthélémi donnent à voir et à entendre les replis d’âme d’une vingtaine de femmes… (du 5 au 9 février 2020 au Manège)
Tisser des liens
Des débats, des rencontres (Radio Live, Foule continentale), des colloques (Les langues… des rives différentes) et des performances artistiques vont également interroger notre rapport au monde. Des liens se tissent, des résonances s’installent de spectacle en spectacle, à l’aune des corps, des langages, de cultures plurielles qui se nourrissent les unes des autres.
À l’heure où nos sociétés se voient tiraillées par les tentations de repli sur soi et de rejet de l’autre, le festival FARaway nous rappelle combien la parole des artistes agitateurs et agitatrices est nécessaire pour mieux appréhender notre présent et le monde de demain.