Tonton flingueur
Le portrait bien senti du monde artistique viennois, vu par Thomas Bernhard et mis en scène par Claude Duparfait et Celie Pauthe : méchant et jouissif.
Alors qu’on vient d’enterrer Joana, leur amie de trente ans, les époux Auersberger organisent un « dîner artistique » pour honorer un vieux comédien du Burgtheater. Un dîner auquel le narrateur se trouve malencontreusement convié et où il retrouve le cercle avec lequel il a rompu il y a 20 ans… Pendant toute la soirée, en son for intérieur, il fustige l’étroitesse d’un milieu tout entier dévoué à l’art, et sa colère (son « irritation », sous-titre du roman) fera renaître sa nécessité d’écrire. Ce narrateur, c’est évidemment Thomas Bernard, qui observe l’intelligentsia viennoise de son œil aiguisé et sa plume acérée. Et en l’occurrence, c’est Claude Duparfait, qui campe un parfait misanthrope engoncé dans son « fauteuil à oreille » (on pense évidemment à son Alceste dans la mise en scène de Braunschweig, créée au TNS à Strasbourg). Avec sa complice Célie Pauthe, ils ont redécoupé le texte de Bernhard pour isoler le monologue et redonner leur chance aux personnages maltraités. C’est délicieusement méchant, un rien aigre et férocement intelligent. (S.D.)
Pour en savoir plus
– Présentation du spectacle sur le site du TNS (FR)
– Critique de Des Arbres à abattre sur Les Trois coups (FR)
– [Vidéo] Présentation du spectacle par Claude Duparfait et Célie Pauthe
– Poly à propos de Des arbres à abattre (FR)
BONUS
Thomas Bernhard : un portrait par Ferry Radax, 1970 (DE)