Dans la célèbre cabine téléphonique du TJP – Centre Dramatique National de Strasbourg, vous avez été nombreux·euses à laisser des messages vocaux, à nous raconter des histoires fortes, et parfois intimes, sur le thème de la migration. Lors de Temps présent, notre rituel de la rentrée, nous invitons le public à découvrir ces paroles dans un joyeux mélange de lectures, performances et discussions. Une belle occasion de se réunir autour de récits issus de la société.
Se déplacer à l’échelle locale ou mondiale. Partir. Se séparer de quelqu’un ou quelque chose. Quitter sa maison d’enfance. Il est bien question ici de migration, qu’elle soit physique ou intérieure, qu’elle soit choisie ou subie. Car les êtres humains, comme les oiseaux ou les papillons, migrent eux aussi de façon consciente ou inconsciente. C’est une réalité. Quand il est instinctif, ce mouvement prend une dimension toute poétique. Quand il est contraint, il devient bien plus douloureux.
Loin de toute restitution littérale ou simpliste, les témoignages recueillis nous offrent, lors de ce Temps présent, une vision plurielle de cette thématique. Voyage, départ, exil. Cette traversée s’annonce riche et protéiforme. Matière vivante et passionnante, elle est source d’inspiration pour la prochaine création de Kaori Ito, Migratrice, prévue en 2026.
Née au Japon dans une famille d’artistes, Kaori Ito se forme très jeune à la danse classique puis à la modern dance avant de devenir interprète pour de grands chorégraphes européens comme Philippe Decouflé, Angelin Preljocaj, Sidi Larbi Cherkaoui et James Thierrée. Elle se lance dans l’écriture chorégraphique dès 2008 à la faveur de diverses commandes (Ballets C de la B, Ballet national du Chili…), dans le cadre de collaborations (avec Aurélien Bory, Denis Podalydès, Olivier Martin Salvan, Yoshi Oïda, Manolo) ou pour sa propre compagnie, Himé, qu’elle crée en 2015. Elle y développe un cycle de créations autobiographiques Je danse parce que je me méfie des mots (avec son père – 2015), Embrase-Moi (avec son compagnon – 2017) et Robot, l’amour éternel (en solo – 2018). En 2018, Kaori Ito opère un retour à sa culture japonaise se sentant enfin autorisée à se l’approprier. En 2020, elle crée, à partir de lettres adressées aux morts, une pièce pour six interprètes, Chers, et une installation en collaboration avec Wajdi Mouawad et le Théâtre de la Colline, La Parole Nochère. En 2021, convaincue de la nécessité de faire entendre les enfants et leur créativité innée, Kaori Ito crée Le Monde à l’envers, son premier spectacle à destination du jeune public. En 2023, elle est nommée directrice du TJP – Centre Dramatique National de Strasbourg, pour développer un projet autour de la transversalité dans l’art, l’intergénérationnel et l’implication des enfants dans les processus de création. À son arrivée, elle crée Waré Mono, création à partir de 6 ans sur la réparation des blessures de l’enfance. Outre Moé Moé Boum Boumcréé avec Juliette Steiner, elle présente, durant cette saison, une création franco-japonaise Dance Marathon Express sur l’exclusion et le sacrifice.
