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Le Théâtre National de la Sarre met en scène un opéra du tout début du XXe encore jamais produit dans le monde

Photo: Jean M Laffitau

Grande musique, variétés de l’entre-deux-guerres, danse et théâtre transfrontalier sont autant de bonnes raisons d’aller au Théâtre National de la Sarre cet automne.

À l’occasion de l’année Holst, qui marque le 150e anniversaire de la naissance du compositeur britannique, le Théâtre National de la Sarre accueille la première mondiale, fiévreusement attendue, de l’œuvre la plus ambitieuse de sa première période de création, l’opéra Sita, écrit de 1901 à 1906.

Aidé par l’historien Romesh Chunder Dutt qui lui traduira correctement des textes anciens, Gustav Holst s’est inspiré de la mythologie indienne dans plusieurs de ses œuvres. Sita est un opéra en trois actes et repose sur un épisode de l’épopée nationale hindoue Ramayana, intégré dans l’immense arbre généalogique des dieux hindous et le cycle éternel de l’incarnation : Sita, fille de la terre, et le héros Rama doivent mener un combat semé de privations contre le méchant Ravana. Le compositeur achève cette œuvre d’envergure, inspirée de Wagner, son modèle, en 1906 pour un concours et manque de peu la première place. La partition a longuement sommeillé depuis à la bibliothèque nationale du Royaume-Uni, la British Library à Londres, avant d’avoir enfin été redécouverte par le Théâtre National de la Sarre dans les dernières années.

Berlin, 1927 : six jeunes hommes se rencontrent par le biais d’une annonce dans un journal pour fonder un ensemble vocal qui conquerra l’Europe de son timbre mélodieux : les Comedian Harmonists. Leurs voix ont la faculté d’ennoblir n’importe quel tube, même le plus ridicule, et leurs arrangements, géniaux, n’importe quelle romance, même la plus kitsch et la plus ironique. La carrière du premier « boys band » allemand sera révolutionnaire et courte. Interdits de représentation par les nationaux-socialistes, car trois membres du sextuor sont juifs, leurs chemins finissent par se séparer en 1935. Que reste-t-il de ces amis qui partageaient autrefois musique et idéaux ?

Le metteur en scène et auteur Thomas Winter raconte dans Quelque part dans le monde le miracle de leur succès et de leurs titres musicaux intemporels et inoubliables, sur fond d’émergence nazie et de politique culturelle bridée par la censure, qui conduira certains membres de l’ensemble à l’exil.

Le mythe de la 9e – malédiction ou bénédiction ?

Même les compositeurs.trices sont superstitieux.ses : depuis Beethoven et sa neuvième symphonie qui deviendra la référence en la matière, et qui demeurera aussi sa dernière, beaucoup d’autres musiciens vivront dans la peur de ne pas survivre à leur propre neuvième symphonie.

Alors que Bruckner et Mahler craignaient la malédiction de la neuvième (à juste titre), Milhaud et Chostakovitch, eux, n’y prêtaient aucune attention et ont continué à composer abondamment.

L’Orchestre national de la Sarre emmènera les spectateurs sur les traces du mystère du chiffre 9 et fera découvrir à chaque concert symphonique de la saison une 9e symphonie de différents auteurs.

1er concert symphonique : Rêves enfiévrés, dimanche 22 septembre à 11h et lundi 23 à 19h30 au Palais des Congrès. Darius Milhaud, né à Aix-en-Provence, a écrit sa 9e en 1959 et ne se fiait guère à la symbolique du chiffre 9 prêtée par les tendances allemandes.

2e concert symphonique : Ivre de feu, dimanche 20 octobre à 11h et lundi 21 à 19h30 au Palais des Congrès. La dernière – malgré une ébauche d’une 10e – et de loin la plus originale des symphonies de Beethoven, est devenue la plus connue des neuvièmes symphonies.

3e concert symphonique : entouré de légendes, dimanche 17 novembre à 11h et lundi 18 à 19h30 au Palais des Congrès. Cette fois, au lieu d’une 9e, la programmation sera complétée par l’opus n°9 en saga de Jean Sibelius et emmène les auditeurs dans le monde des contes nordiques.

L’Orchestre national de la Sarre en tournée

À noter aussi que l’Orchestre national de la Sarre se produira à Boulogne-Billancourt le jeudi 21 novembre à 20h30 à La Seine Musicale.

Côté danse, un ballet qui raconte l’histoire d’amour la plus connue de la littérature mondiale attend les spectateurs de tous horizons. Sur la musique captivante de Prokofiev, un des plus grands compositeurs du XXe siècle, et adapté par le directeur de la danse au Théâtre National de la Sarre, Stijn Celis, il nous promet passion, drame et danse au plus haut niveau. La tragédie de William Shakespeare, écrite en 1597, a inspiré d’innombrables chorégraphes.

Le directeur de la danse Stijn Celis nous conte de manière expressive et sensible l’amour entreRoméo et Juliette, qui ne peut avoir lieu qu’en secret étant donnée leur appartenance à deux familles ennemies et qui ne connaît pas de fin heureuse. Malgré tout, la joie de vivre italienne ne manquera pas au tableau.

18e édition du Festival Primeurs, du 20 au 23 novembre 2024 

Cette année se tiendra à nouveau un format de concours composé de 6 pièces de théâtres avec une remise de prix d’auteurs et de traducteurs à Forbach et Sarrebruck. Le festival comportera une nouveauté cette saison avec l’attribution d’un prix de l’académie de Berlin qui sera décerné à une pièce contribuant particulièrement à l’amitié franco-allemande.

La programmation du 18e Festival Primeurs sera dévoilée à l’automne 2024 sur le site www.festivalprimeurs.eu.

www.staatstheater.saarland

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