Où va ce tout qui s’en va ?
« Avec le temps, va, tout s’en va » dit la chanson de Léo Ferré. Mais où va ce tout qui s’en va ? Dans un de ces replis du temps, Eugène Ionesco installe ses Chaises. Elles envahissent l’espace, vides, inertes et néanmoins vivantes, sièges des absences de ceux qui ne sont plus, de ceux qui n’ont jamais été peut-être, juste rêvés, espérés, imaginés.
Sont-ils encore vivants, ces deux vieillards qui s’enfoncent aux confins de l’existence ? Sont-ils déjà morts ? Ils glissent et s’effacent, leur corps devient diaphane tandis que l’esprit s’ouvre à la nuit, à l’infini de la conscience, au dérisoire, au merveilleux. Que va-t-il advenir ? Théâtre du souvenir autant que de l’oubli, Les Chaises est bien plus qu’un classique moderne. Ionesco signe un coup de maître en alliant le métaphysique et le concret, l’invisible et le matériel.
La puissance de l’imaginaire, les facéties de la mémoire, le tourbillon de la vie, c’est tout le théâtre qu’embrasse l’auteur, l’air de rien, avec ces Chaises ; ses dialogues ciselés oscillent entre l’hilarant et le tragique. La scénographie d’Alain Lagarde et les lumières de Christian Pinaud, troublantes, composent un espace qui révèle des reflets spectraux.
Texte Eugène Ionesco
Mise en scène Bernard Levy
Avec Thierry Bosc, Emmanuelle Grangé et Alexis Danavaras
Collaboration artistique Jean-Luc Vincent
Scénographie Alain Lagarde
Lumière Christian Pinaud
Son Xavier Jacquot
Costumes Claudia Jenatsch
Maquillages, coiffure Agnès Gourin-Fayn
Photo : Regis Durand De Girard
Pour en savoir plus
- Rencontre avec l’équipe de Les Chaises le 25 avril 2019 à 21H30
- Reportage sur le spectacle
- Plus d’informations sur le site du Théâtre de la Manufacture