Apatride entre deux rives
Ce n’est pas un hasard si Alain Batis s’est intéressé à Allers-Retours, pièce plutôt méconnue de Ödön von Horváth qui n’est pas sans lien avec notre actualité. Son héros Ferdinand Havlicek, un commerçant expulsé de son pays d’accueil, se retrouve à errer sur un pont entre deux rives, ne pouvant rejoindre ni l’une ni l’autre.
Quand, en 1933, Ödön von Horváth écrit Allers -Retours, Hitler vient d’arriver au pouvoir. Le monde va basculer mais il ne le sait pas encore. Visionnaire ou simplement conscient de la menace qui plane déjà sur l’Europe ? L’histoire de Ferdinand Havlicek, qu’il développe sous forme d’une farce jubilatoire, a incontestablement quelque chose de prémonitoire. Expulsé pour cause de faillite du pays où il a toujours vécu, notre homme, coincé sur un pont en bois ne peut ni revenir en arrière, ni rejoindre son pays natal, où il n’a jamais mis les pieds car de nouvelles lois ont modifié les règles de nationalité.
Si son histoire relève de la fable kafkaïenne, racontée par Horváth sur le mode de la farce, elle est instructive car elle renvoie aussi à notre présent immédiat tant les similitudes de comportements sont frappantes. A croire que l’histoire des hommes est un éternel recommencement !
Auteur : Ödön Von Horváth
Mise en scène : Alain Batis
Avec : Raphaël Almosni, Sylvie Amato, Alain Carnat, Laurent Desponds, Sophie Kircher, Théo Kerfridin, Marie-Céline Tuvache
Dramaturgie : Jean-Louis Besson
Scénographie : Sandrine Lamblin
Musique : Cyriaque Bellot
Photo : La mandarine blanche
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